Pierre Boënnec est né en 1920 à Saint-Guénolé-Penmarc’h. Fils de marin de commerce, il se destine, comme on le fait à l’époque, à poursuivre l’exemple de son père en embrassant une carrière maritime. Cependant, il n’a pas 13 ans lorsqu’un voisin vient lui proposer une place à l’usine de conserves Roulland de St-Guénolé. Sa mère qui l’élève seule toute l’année – tandis que son père n’a la permission de revenir qu’une fois l’an – répond à sa place. Dès lendemain, Pierre intègre le métier d’ouvrier.
Croyez-vous au destin ? Pierre m’a confiée qu’il y croît d’une certaine façon.
A partir de l’adolescence, tout s’enchaîne. Son autorité et son charisme naturel lui permettent d’être élu délégué du personnel à seize ans ! Il va gravir tous les échelons grâce à des opportunités. A trente ans il devient responsable des machines de l’usine Lebeaupin puis, à cinquante ans, directeur.
Au centre de sa vie, Pierre place sa rencontre avec Marie-Louise avec laquelle il vivra 80 années « d’amour partagé » comme il aime à le dire. Pendant la guerre, son engagement dans le réseau de résistance Vengeance et son objection au STO vont considérablement orienter ses valeurs de liberté et forger sa vie.
L’homme est connu « comme le loup blanc » à Penmarc’h parce que par passion du football, il a donné 40 années de bénévolat au club des Cormorans dont il est à ce jour président d’honneur. Il a également contribué à fonder l’Amicale sportive de solidarité.
A 93 ans, se trouvant près de sa femme devenue invalide par la maladie d’Alzeimer, Pierre se dit qu’il est temps de conter à ses descendants qui étaient leurs aïeux. Riche d’une vie sociale et professionnelle bien ancrée dans le Pays Bigouden, il entreprend le récit de sa vie. Avec un style frais et vif, très rythmé, il déroule les évènements de sa vie et des anecdotes liées au pays : les jeudis avec sa grand-mère, les retours tant attendus de son père, l’engagement de ce dernier dans les Forces navales françaises libres, son mariage pendant l’Occupation, son périple à Paris en plein mai 68, les grèves dans les conserveries…